Isabelle Chanclud
Isabelle Chanclud Fascinée par les fleurs et ambassadrice de l’agriculture durable
« Pour moi c’était important de m’installer sur cette exploitation familiale. […] Nous sommes évidemment très attachés à la Seine-et-Marne, à ce territoire, et à toutes ces richesses. »
« Mariée et maman de 3 jeunes filles, Isabelle a créé en 2020 « Champêtre Ferme Florale » dans le cadre de sa reconversion professionnelle en agri fleuriste sur la ferme familiale. Un projet ambitieux et précurseur dans le milieu de la fleur biologique sur notre département. Nous l’avons interviewé pour en savoir plus sur son activité, sa passion et son attachement à notre territoire seine-et-marnais. »
Isabelle est agri fleuriste, passionnée de fleurs et d’agriculture écologique. Sur sa ferme, près des bords de Seine dans le sud de la Seine-et-Marne, elle a décidé de se lancer dans la production de fleurs sur un modèle économique circulaire. Son concept de la graine au bouquet marque une nouvelle ère sur le marché de la fleur biologique en Ile-de-France.
Pouvez-vous vous présenter ? Nous raconter votre parcours ?
« Au printemps 2020, j’ai créé Champêtre, une ferme florale qui produit des fleurs locales et de saison en agriculture biologique sur la ferme familiale. Mon mari et mon frère sont agriculteurs depuis de nombreuses années, et j’ai fait le choix il y a quelques temps de les rejoindre pour travailler la terre et produire mes propres fleurs. L’idée au départ, m’est venue dans le cadre d’une reconversion professionnelle fin 2019.
En effet, j’avais travaillé pendant 30 ans à la Chambre d’agriculture de Seine-et-Marne puis d’Île-de-France notamment dans le développement du territoire, le conseil agricole et la promotion des fermes de la Région. Et au bout de ce temps, j’ai fait le choix de réaliser un rêve, celui de produire des fleurs ! J’avais envie de devenir cheffe d’entreprise, envie aussi de faire quelque chose en famille.
Comment cette idée m’est venue ? C’est dans ce tournant de ma vie, passé la cinquantaine et après avoir passé 30 années à promouvoir les fermes et producteurs locaux que j’ai eu envie de réaliser un projet personnel en revenant sur l’exploitation agricole. Cela s’est fait assez naturellement puisque les fleurs sont une passion ! J’ai donc envisagé de m’orienter vers la création florale, c’était une évidence. J’ai eu l’opportunité de reprendre une exploitation agricole et de m’installer en tant qu’agricultrice et productrice de fleurs.
En réfléchissant à ce projet, j’ai fait le triste constat qu’il n’y avait aucune traçabilité sur la fleur ! En effet, on ne sait pas qui produit les fleurs, d’où elles viennent ni comment elles sont produites puisqu’il n’y a aucune obligation légale sur l’origine et la provenance des fleurs chez les fleuristes. J’étais donc en désaccord avec mon travail et mes valeurs qui consistaient à rapprocher consommateur et producteur, je voulais faire le choix d’un approvisionnement différent et donc je devais repenser mon projet. J’ai donc développé un concept allant de la graine jusqu’au bouquet, en alliant une production biologique et une partie « fleuriste » sur notre ferme. J’ai démarré en 2020 en plein covid, c’était le début du confinement et moi j’étais dans cette parcelle en train de mettre en place ma production. A présent, nous entrons dans la 4ème saison cette année ! »
Pourquoi avoir choisi de vous installer en culture florale bio ? Pouvez-vous nous parler un peu plus de votre activité « Champêtre » ?
« Je voulais m’orienter vers les fleurs en développant aussi une partie « fleuriste », avec un approvisionnement local et français pour répondre à mes valeurs et besoins. J’avais l’opportunité de reprendre une exploitation agricole. Je me suis installée début novembre 2019 en tant qu’agricultrice, sur la commune de La Grande Paroisse, avec le statut d’exploitante agricole. J’ai une exploitation de 80 hectares de grande culture, et l’activité fleurs vient comme une diversification de mon activité agricole. Je me consacre à la production, à la création florale et à la vente des fleurs.
Il faut savoir que l’exploitation était en agriculture conventionnelle, et que lorsque l’on veut faire certifier sa production, on entre dans une démarche de 2 années de conversion vers l’agriculture biologique avant de pouvoir avoir sa certification. Depuis 2022, les fleurs sont certifiées bio ! Dans la démarche de production biologique, on interdit l’emploi de tout produit ou engrais chimiques. Je travaille en 100% naturel et j’emploie des engrais organiques (fumier, compost) sur ma production. Je travaille sur la diversité des essences des fleurs que je vais produire pour limiter l’incidence de maladies. J’ai d’ailleurs planté une haie « biodiversité » tout autour de ma parcelle justement pour favoriser aussi l’accueil d’insectes auxiliaires, pour qu’ils aident à combattre d’autres insectes nuisibles. Pour favoriser leur prolifération, on plante des essences qui vont être pour eux un lieu de reproduction et d’habitation. Donc on essaie différents moyens pour se prémunir des risques de foyer de maladies ou d’infestation par des insectes nuisibles.
Tout se fait à la main, nous avons une production qui demande beaucoup de bras et d’énergie, pour préparer les sols, réaliser les semis, repiquer les jeunes plants, et ensuite conduire la production, du développement des fleurs jusqu’à la récolte. Nos fleurs ne subissent aucun traitement, elles sont 100% naturelles. Je récolte l’été une partie de ma production pour la faire sécher naturellement dans les granges et les greniers, et elles ne subissent aucune coloration ou traitement après la récolte. »
Et comment choisissez-vous vos fleurs ?
« Sur la ferme florale on va produire des fleurs différentes en fonction des saisons. Nos premières récoltes démarrent avec les tulipes, anémones et renoncules en avril, ensuite suivent les annuelles, bisannuelles puis les vivaces. On va donc proposer des bouquets de fleurs différentes au fil des saisons. Je cultive plus d’une centaines de fleurs différentes.
Pour choisir mes fleurs, je suis partie sur la base de la conception d’un bouquet. Pour faire un bouquet on a besoin de feuillages, fleurs rondes, fleurs pointues, on a besoin de diversité, de formes et de couleurs. J’y ai croisé les fleurs et espèces que je pouvais cultiver, celles qui se plaisent dans nos terroirs et climats et en fonction de la disponibilité des graines. En partant de l’envie de créer des bouquets sur de tonalités et formes différentes, cela m’a donné une liste de fleurs à cultiver. Chaque année il y en a des nouvelles. Nous essayons aussi d’anticiper les tendances car nous avons une saison d’avance lorsque nous semons nos graines. Par exemple cet automne, nous avons semé des graines qui nous apporteront des couleurs pastel et très colorés au printemps 2023 ! »
Que signifie pour vous « ouvrir le champ des possibles en Seine-et-Marne » en tant qu’agri fleuriste et habitante du département ?
« Pour moi c’était important de m’installer sur cette exploitation familiale. Mes parents étaient agriculteurs auparavant, nous avons racheté le corps de ferme parce que nous sommes très liés à ce patrimoine bâti. Concernant notre lieu d’implantation, nous sommes évidemment très attachés à la Seine-et-Marne, à ce territoire, et à toutes ces richesses. Le champ des possibles c’est aussi entrevoir la possibilité de développer, de pouvoir se développer et de pouvoir faire rayonner à la fois les produits que l’on peut proposer mais également les richesses que peuvent apporter tous les hommes et toutes les femmes qui font rayonner ce territoire. Tout ce que l’on peut proposer est sans limite, les champs des possibles c’est aussi se dire que « tout est possible » dès l’instant qu’on en a déjà l’envie. Pour cela c’est important d’avoir autour de soi les forces qui vous accompagnent et vous aident à réussir dans vos démarches et dans vos projets. J’ai aussi réussi à créer cette ferme florale grâce au collectif de la fleur française qui est une association nationale qui réunit à la fois les producteurs et les fleuristes engagés pour la promotion de la fleur française. Et c’est aussi grâce à la force des réseaux, qu’on prend confiance, qu’on ne se sent pas seul et qu’on arrive à développer des projets. C’est important de ne pas être seul. »
Qu’attendez-vous du réseau des ambassadeurs de la marque de territoire « Seine-et-Marne, Vivre en Grand ! » ? Que cela représente-t-il pour vous ?
« J’appartiens à plusieurs réseaux, celui de la marque « Produit en Ile-de-France », « Bienvenue à la ferme », et « Seine-et-Marne, Vivre en Grand ! » car pour moi c’est important, à travers les valeurs que je porte, de pouvoir m’identifier à un territoire et d’y appartenir. Le fait d’adhérer à ces marques engagées, nous ancrent encore plus dans notre territoire et nous rapproche des autres acteurs du département. Je pense que ce maillage de territoires est très important et aussi pour tout un chacun qui ne connait pas la région ni le département, cela montre aussi la richesse de la diversité de ce territoire, que ce soit dans son environnement naturel ou économique. »
Un petit mot pour la fin ?
« La sensibilisation, c’est important. Il faut aussi parler de saisonnalité pour les fleurs parce que nous n’en parlons pas assez. Il y a eu énormément de travail accompli sur la saisonnalité des fruits et légumes, je pense que le consommateur a été sensibilisé à cette saisonnalité par rapport à la consommation de ces fruits et légumes. Pour la fleur il y a tout à faire, nous avons vraiment un gros travail de sensibilisation à effectuer et nos participations à différents événements ou l’organisation de portes ouvertes sont aussi faites pour cela. Expliquer également qu’il y a de la production de fleur en France, que nous pouvons en produire en Ile-de-France, en Seine-et-Marne, que nous pouvons également produire de la fleur en agriculture biologique et que nous serons de plus en plus nombreux demain à le faire. Sensibiliser aussi chacun sur ces problématiques de mondialisation de la fleur, dans son modèle de choix de vie est important. Dans l’acte d’achat, connaître la traçabilité ou l’origine des fleurs c’est permettre au consommateur de faire un choix en connaissance de cause. »
Où retrouver notre ambassadrice Isabelle Chanclud ?